Accompagner les habitants des communes limitrophes de l’Eurométropole de Strasbourg, potentiellement concernés par la Zone à Faibles Emissions-mobilité
Ce nouveau projet de sensibilisation de l’Agence du climat cible les habitants des communes qui ne sont pas sur le territoire de déploiement de la ZFE, mais fréquentant le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg. Intitulé « Conseil en mobilité : pour un changement de pratiques de mobilités décarbonées dans l’aire d’attractivité de l’Eurométropole de Strasbourg » et déployé de janvier 2024 à janvier 2027, son budget s’élève à 293 400 €, financé à hauteur de 176 040 € par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER).
Pourquoi un tel projet ?
Depuis le début de l’activité de conseil en mobilité décarbonée fin 2021, nous avons remarqué un besoin d’accompagnement de publics spécifiques, ayant des préoccupations, contraintes et besoins très différents selon le lieu de résidence. Ainsi, un conseiller dédié aux besoins des habitants des quartiers prioritaires de la ville a été recruté en 2023. Pour poursuivre ce besoin d’accompagnement fléché, il nous a semblé pertinent de s’intéresser aux personnes habitant dans des communes se situant en dehors du territoire concerné par la ZFE, mais se déplaçant sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg (dans le cadre de leur travail, leur formation, leurs loisirs). Après analyse de nos données internes, nous avons constaté que depuis fin 2021, plus de 240 particuliers et 40 professionnels provenant des communes autour de l’Eurométropole nous ont contactés pour obtenir des informations sur la ZFE ainsi que sur les aides disponibles pour l’acquisition de vélos ou le remplacement de véhicules.
Depuis le 1er janvier 2024, deux postes au sein du pôle mobilité décarbonée ont été dédiés au pilotage du projet et soutenus par l’ensemble de l’équipe pour garantir l’accompagnement et conseiller les ménages et entreprises situés dans les zones périurbaines et rurales de la métropole (2ème couronne et communes limitrophes de l’Eurométropole de Strasbourg).
Durant la phase de démarrage, l’équipe projet a bénéficié de l’expertise de l’Académie des Mobilités Actives (ADMA), afin de mieux appréhender les contraintes en milieu rural. En parallèle, les recherches documentaires ont conduit aux constats suivants :
- Les habitudes de déplacement en zone rurale proche d’une grande ville sont différentes de celles dans les zones entièrement urbaines ;
- La mobilité rurale est influencée à la fois par des critères démographiques (proportion de personnes âgées ou dépendantes notamment), mais également par la densité en habitants et emplois, la présence des commerces et des services, le relief…
- L’aménagement du territoire constitue parfois un frein à l’usage du vélo et des transports en commun, les communes étant éloignées les unes des autres et séparées par des champs, forêts et vignes, ou des portions de routes aux aménagements cyclables restreints ou morcelés ;
- Le réseau de transport en commun s’organise principalement de manière radiale, car les lignes convergent vers un point central, facilitant les déplacements vers et depuis le centre, mais rendant les déplacements transversaux moins efficaces et nécessitant des détours par le centre. Les amplitudes horaires sont variables, et la faible densité de population en milieu rural peut rendre économiquement difficile l’exploitation de services de transport en commun fréquents et diversifiés, impactant leur usage ;
- En ce qui concerne la pratique du vélo, des obstacles peuvent limiter son adoption. Les infrastructures cyclables peuvent être insuffisantes, avec un manque de pistes sécurisées et de stationnements appropriés, et les routes sont souvent partagées avec des véhicules motorisés circulant à grande vitesse.
Ces obstacles nécessitent des solutions ciblées et adaptées pour améliorer l’accessibilité et l’attractivité des modes de déplacements alternatifs à la voiture en zone rurale. Il est impératif d’obtenir de la part des collectivités un engagement en faveur du développement de nouveaux services innovants, adaptés à leurs territoires et aux besoins des habitants (autopartage, covoiturage, transport à la demande…).
Malgré un manque ponctuel d’infrastructures permettant de favoriser les trajets entre les villes et vers l’Eurométropole, cette dernière regroupait 53 % des emplois du Bas-Rhin en 2014, selon une étude de The Shift Project. Les déplacements domicile-travail au départ du Bas-Rhin sont pour 84% effectués en voiture, selon l’Observatoire des mobilités de ADEUS en 2018, et sont soumis aux interdictions de circulations des véhicules selon leur vignette Crit’Air. Ainsi, la Zone à Faibles Emissions impacte les personnes qui travaillent dans l’Eurométropole mais qui n’y habitent pas. C’est pourquoi, dans ce projet, nous ciblons nos actions principalement sur la zone d’emploi de l’Eurométropole.
Concrètement, quelles actions sont mises en place ?
Dans le cadre du projet « Conseil en mobilité : pour un changement de pratiques de mobilités décarbonées dans l’aire d’attractivité de l’Eurométropole de Strasbourg », nous proposons plusieurs actions, faisant suite à une phase nécessaire de diagnostic territorial et de cadrage avec les acteurs locaux pertinents :
- des permanences afin d’accompagner et d’échanger avec les habitants de vive voix,
- des échanges téléphoniques afin de s’adapter aux agendas de chacun,
- la tenue des stands dans des lieux publics et lors d’événements afin d’aller à la rencontre des habitants,
- la construction d’un plan d’actions défini au cas par cas, territoire par territoire, afin d’être le plus pertinent et le plus adapté possible.
Notre objectif est de sensibiliser aux mobilités alternatives (vélo, autopartage, covoiturage…), notamment à travers des ateliers de sensibilisation, mais également d’expliquer les enjeux de la Zone à Faibles Emissions, échanger avec les habitants, recueillir leurs préoccupations, idées, retours d’expérience et difficultés, afin de diagnostiquer leurs déplacements et leur proposer des alternatives et des solutions. Nous présentons également les dispositifs d’aide à l’achat de vélos et au remplacement de voitures mobilisables via la Région Grand Est ou l’Etat, ainsi que l’offre de mobilités alternatives présente sur leur territoire. Enfin, et comme pour l’ensemble des missions de l’Agence, nous profitons de nos actions pour tirer des enseignements, adapter les prochaines phases de déploiement de l’activité, mais également faire remonter les constatations au niveau de l’Eurométropole de Strasbourg.