Inondations, canicules, sécheresses… Le patrimoine bâti doit lui aussi faire face à un climat qui change.

Les bâtiments ne font généralement l’objet de rénovations globales que tous les 15 à 20 ans. C’est donc une fenêtre précieuse qui s’ouvre pour anticiper les défis climatiques. La saisir, c’est éviter des coûts futurs et construire un habitat plus résilient.

Dans l’Eurométropole de Strasbourg, les projections montrent une augmentation de fréquence et d’intensité des précipitations hivernales (+9 à 11 % par an d’ici 2050), des risques d’inondation, mais aussi des épisodes de sécheresse (-4 à -6 % de précipitations estivales) et des vagues de chaleur (de 3 à 5 nuits tropicales supplémentaires par an).

Les travaux de rénovation représentent une opportunité unique pour intégrer ces enjeux. Par exemple, l’installation d’une nouvelle chaudière en sous-sol sans prendre en compte les risques d’inondation peut engendrer des coûts importants de remplacement en cas de sinistre, alors qu’un choix d’implantation adapté aurait permis de limiter ce risque. 

La rénovation énergétique des bâtiments ne peut plus donc être pensée uniquement sous l’angle de la performance thermique hivernale. Il est aujourd’hui essentiel d’y intégrer des solutions permettant d’adapter les logements et bâtiments aux conditions climatiques futures – c’est pourquoi l’Agence du climat a développé l’outil Préco’Adapt. 

L’intégration de l’adaptation aux changements climatiques dans la rénovation offre ainsi une double opportunité :

  1. Améliorer le confort et la résilience des bâtiments face aux aléas climatiques, sans générer de nouvelles vulnérabilités,
  2. Optimiser l’investissement des travaux, en combinant efficacité énergétique et solutions d’adaptation dès la conception du projet. 

Les effets du changement climatique impactent directement les bâtiments et la qualité de vie des occupants. Parmi les principaux enjeux à considérer dans les projets de rénovation se trouvent :

  • Le confort d’été : limiter la surchauffe intérieure en privilégiant des solutions passives (isolation, ventilation naturelle, protections solaires) afin d’éviter un recours excessif à la climatisation. 
  • Les risques d’inondation : adapter les bâtiments en fonction du Plan de Prévention des Risques d’Inondation – PPRI (élévation des équipements sensibles, revêtements drainants, aménagements paysagers). 
  • La sécheresse : économiser la ressource en eau (récupérateur d’eau de pluie, réutilisation des eaux usées). 
  • Le retrait-gonflement des argiles (RGA) : préserver la stabilité des structures en anticipant les variations hydriques du sol (végétaux à distance, drainage du sol). 
  • La prolifération des moustiques : éviter la création de zones favorisant leur développement (points d’eau stagnante, défauts de drainage). 
  • La qualité de l’air intérieur : renforcer la ventilation et privilégier des matériaux sains pour limiter les polluants et l’excès d’humidité. 
  • La biodiversité : intégrer la nature dans les projets (végétalisation, habitats pour la faune locale) pour améliorer le cadre de vie et limiter les effets d’îlot de chaleur urbain. 

Préco’Adapt : un outil pour aider à la prise de décision

Pour améliorer son accompagnement et l’intégration des enjeux climatiques dans les conseils apportés, l’Agence du climat a développé un outil pour faciliter le travail des conseillèr.e.s. Celui-ci repose sur une méthodologie permettant d’identifier les risques climatiques, comme la sécheresse ou les fortes chaleurs, afin de proposer des solutions adaptées à chaque situation en prenant en compte : 

  • Le type de logement (maison ancienne, appartement, présence d’une cave…) ;
  •  Les risques climatiques locaux (fortes chaleurs, inondations, sécheresses…) ;
  • Les travaux prévus ou souhaités (isolation, chauffage, ventilation, aménagement extérieur…). 

L’outil développé permet d’accompagner au mieux les ménages en facilitant : 

  • L’identification des mesures d’adaptation pertinentes et des points de vigilance ;
  • La priorisation des actions en fonction du projet de rénovation.

Une approche réplicable et évolutive

L’un des objectifs clés de ce projet est sa réplicabilité. L’outil développé pourra être partagé et déployé au sein d’autres Agences Locales de l’Énergie et du Climat (ALEC) notamment et intégré aux démarches des Espaces conseils France Rénov’. Il s’inscrit également dans une dynamique européenne, visant à mutualiser et diffuser les bonnes pratiques en matière d’adaptation et de résilience des bâtiments. 

Grâce à cette approche, l’Agence du climat contribue à l’évolution des pratiques de rénovation, en démontrant que performance énergétique et adaptation climatique doivent être pensées ensemble pour garantir des bâtiments à la fois confortables, économes et durables.